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Autre Chose

Chroniques musicales et comics en vrac...


Soul Satisfaction Vol. 4: Mouth Watering Motown & B-Side Beauties

Soul Satisfaction Vol. 4: Mouth Watering Motown & B-Side Beauties

Encore une fois, la thématique de ce volume de la série Soul Satisfaction s’avère aussi cryptique et abstraite que son contenu succulent frise la perfection. Encore une grosse pelleté de morceaux rares, faces B, inédits... à croire que les étagères de la Motown n’en finissent plus de dégorger des trésors.
L’ordre chronologique des morceaux permet un aperçu de l’évolution du son et du style Motown. Trône d’ailleurs fièrement en première place "Oh Lover" de Sherry Taylor & Singing Sammy Ward un des tous premiers morceaux écrits par les fondateurs du label Berry Gordy et Smokey Robinson, publié en 1960. Duo masculin-féminin encore fortement teinté doo-wop et madison où Sammy Ward fait son possible pour sonner comme saint Sam Cooke sur des arrangements rudimentaires. L’évolution est déjà palpable sur "My Kind Of Love" des Satintones, premier groupe Motown. Cordes, cuivres discrets et choeurs apparaissent sur ce morceau de 1961. Les Satintones n’enregistreront pas grand-chose par la suite mais le chanteur Robert Bateman deviendra un producteur maison, des Marvelettes et de Edwin Starr entres autres.
Tout s’accélère par la suite. LaBrenda Ben & The Beljeans (futures Vandellas) inaugurent une des mamelles du label: le girl-group aussi sensuel que frondeur sur ce "The Chaperone" de 1962 au rythme chaloupé et au clavier pop. Mabel John, première chanteuse signée par Berry Gordy, développe le genre avec "Who Wouldn't Love A Man Like That" de 1963.
Le style caractéristique de la maison de Detroit défini, ses groupes phares enchaînent alors les tubes. Les quinze morceaux suivants furent enregistrés sur la courte période 1965-1968. Tous les ténors sont là. Les Four Tops avec la ballade langoureuse "Then" basé sur la B.O. du western de William Wyler Les Grands Espaces et, un peu plus loin, le tube de 1968 "Can't Seem To Get You Out Of My Mind" écrit par Ashford & Simpson et magistralement chanté par Levi Stubbs. Dans le même registre "I Feel Like I'm Falling In Love Again" des Fantastic Four, magnifique morceau par ce groupe talentueux et trop rare.
Les fans de northern soul trouveront ici quelques stompers magistraux. Honneur à Martha Reeves & The Vandellas avec l’endiablé "Show Me The Way", face B de "Honey Chile". Au top comme toujours. Autre chanteur trop rare: Chuck Jackson, Mr. Emotion, qui roule sa voix graveleuse sur "Ain't No Sun Since You've Been Gone". La palme du genre revient à l’inédit "So Long" de Marvin Gaye. Si le chanteur était plus habitué à roucouler des love songs, il prouve ici son assurance sur un tempo palpitant.
Mention spéciale à Stevie Wonder dont le génie jaillit de chacun de ses trois morceaux. "Music Talk" de 1966 questionne la soul, ses instruments, ses rythmes, les Funk Brothers répondant aux paroles. Le jeune chanteur pousse les musiciens à donner leur meilleur groove, frisant déjà parfois le funk. Autre curiosité: "Love A Go Go", de la même année, tiré de l'album Up-Tight, invente le sample en reprenant des parties des arrangements cuivrés de "Dancing In The Streets" de Martha Reeves, en les extrapolant pour booster un stomper ultra-mélodique. Sa mutation se termine à peine deux ans plus tard en 1968 sur "I'd Be A Fool Right Now": la voix s’est posée, sensuelle et chaude, le rythme ralenti, les arrangements se font précieux, les mélodies complexes. Le Stevie Wonder qui vendra des millions de disques dans les années 1970 est né.
La petite blanche Chris Clark, protégée de Marvin Gaye et de sa femme, apporte une petite touche british sur la pépite blue-eyed soul "I Love You". Quand aux Monitors, le banal "Time Is Passing By" sera leur dernier single pour le label de Detroit, virés pour cause d’insuccès répétés.
Les quatre derniers morceaux, enregistrés à partir de 1969, montrent la dernière évolution de la Motown, la fin de l’âge d’or de la soul. Le "Loving You Is Better Than Ever" des Supremes, écrit par Smokey Robinson, tout en cordes annonce déjà la philly soul. L’ex-Temptations David Ruffin tape lui dans la modern soul avec "You Can Come Right Back To Me": breaks multiples, guitare fuzz, emphase et voix parlée pour ce petit chef d’oeuvre. Même topo pour le morceau "Gonna Find A True Love" de Bottom & Co., très recherché en 45 tours. Les Dynamic Superiors clôturent cette exceptionnelle sélection par "One-Nighter", plaisir coupable langoureux et dégoulinant de 1975.
Les notes de pochette, intéressantes bien que succinctes, pêchent cependant par l’absence de la provenance de chaque morceau. Même si tout cela relève de la maniaquerie (j’assume!), il aurait été intéressant de savoir d’où sortent ces morceaux.

Note: 9/10
Label: Motown - 2003
Support: CD

1. Sherry Taylor & Singing Sammy Ward - Oh Lover
2. LaBrenda Ben & The Beljeans - The Chaperone
3. The Satintones - My Kind Of Love
4. Mable John - Who Wouldn't Love A Man Like That
5. The Marvelettes - You're My Remedy
6. Stevie Wonder - Music Talk
7. The Marvelettes - Your Cheating Ways
8. Stevie Wonder - Love A Go Go
9. The Four Tops - Then
10. The Isley Brothers - Seek And You Shall Find
11. Edwin Starr - I Have Faith In You Baby
12. Marvin Gaye - So Long
13. The Monitors - Time Is Passing By
14. Chris Clark - I Love You
15. The Fantastic Four - I Feel Like I'm Falling In Love Again
16. Martha Reeves & The Vandellas - Show Me The Way
17. The Four Tops - Can't Seem To Get You Out Of My Mind
18. Stevie Wonder - I'd Be A Fool Right Now
19. Chuck Jackson - Ain't No Sun Since You've Been Gone
20. Gladys Knight & The Pips - The Stranger
21. Diana Ross & The Supremes - Loving You Is Better Than Ever
22. David Ruffin - You Can Come Right Back To Me
23. Bottom & Co. - Gonna Find A True Love
24. Dynamic Superiors - One-Nighter

Publié le par Ben


Publié dans Soul, Motown, Compilation


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