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Autre Chose

Chroniques musicales et comics en vrac...


In The Naked City

In The Naked City

Après les compilations par genres musicaux, par périodes, par artistes, par régions... voici une compilation regroupant des morceaux soul dont la thématique lyrique est New-York. Les gens de chez Ace ne sont décidemment jamais à court d’idées pour faire resurgir des trésors du passé. Après des dizaines de compilations, on pourrait désormais croire que ce prétexte ne vise qu’à refourguer du tout-venant sous une forme classieuse. Il n’en est rien: In The Naked City regorge de trésors et s’avère bluffante de qualité. Comme d'habitude.
Il faut dire que New-York est une source d’inspiration infinie pour des centaines d’artistes depuis des décennies et abrite un nombre record de labels. On retrouve d’ailleurs ici sans surprise un bon paquet de morceaux issus des labels et des compositeurs du Brill Building, Atlantic bien sûr plus Epic ou les labels soul incontournables tels Sue, Wand...
Si l’atmosphère urbaine transparaît évidemment au travers des mélodies et des interprétations, les paroles permettent de relater une foultitude d’histoires différentes et de sentiments ambivalents. La série policière des sixties Naked City clôturait d’ailleurs chacun de ses épisodes par la citation ‘il existe huit millions d’histoires à New-York’, soit une par habitant. Ici c’est 24 scénettes de la vie trépidante new-yorkaise qui sont proposées.
Tout démarre par la voix rocailleuse de Chuck Jackson qui décrit ponts, buildings et autres complexes urbains de la ville dans "Big New-York", face B d’un single sorti chez Wand dont les choeurs féminins sont assurés par Doris Troy. Le décor posé, ce sont ensuite des quartiers plus réduits qui sont visités.
Harlem bien entendu dans "Up In The Streets Of Harlem" des Drifters, peut-être le groupe le plus représentatif de la soul new-yorkaise, morceau chaloupé composé par Bert Berns et ici chanté en lead par Johnny Moore. Même endroit  pour le "Spanish Harlem" de Ben E. King repris ici par une de ses fans: Aretha Franklin. Un morceau écrit par Jerry Leiber et Phil Spector que King trouva d’abord faiblard mais qui lança sa carrière après son départ des Drifters en atteignant la 10ème place du Billboard. Cette version d’Aretha Franklin de 1971 culmina elle à la première place avant que des dizaines d’autres reprises ne voient le jour.
Broadway est également traversé dans "On Broadway", morceau de Carole King surtout connu par (encore!) la version des Drifters et ici présent dans sa première interprétation par les Cookies. Mêmes compositeurs et interprètes originaux pour "Up On The Roof", interprétée ici par le chanteur salsa Ralfi Pagán dans une version latin soul chaloupée de 1972.
Certains morceaux se présentent même comme des déclarations d’amour à la ville. Comme "I Love New-York" composé par Herbie Hancock et interprété par la chanteuse jazz Marva Josie ou "Nights In New-York City" de la chanteuse/compositrice Jan Bradley originaire de Chicago et collaboratrice de Curtis Mayfield au début des années 1960.
Soul oblige, les inévitables histoires d’amour sont ici prépondérantes. Heureuses comme sur "Uptown" de Barry Mann et Cynthia Weil, morceau popularisé par les Crystals et repris ici par Little Eva, l’interprète de la scie "The Loco-Motion", ou encore sur "Second Window, Second Floor" de l’ex-Drifters et ex-Dominoes Clyde McPhatter tiré de son album thématique Songs Of The Big City. Et c’est Jerry Butler qui se charge du désespoir amoureux avec le sublime "I Don't Want To Hear It Anymore" écrit au début des années 1960 par un Randy Newman encore auteur R&B avant de passer à la pop.
Le manque de considération et la solitude des mégapoles est abordé dans "There’s No Pity (In The Naked City)" de l’auteur compositeur Jackie Wilson, ex-Dominoes lui aussi mais surtout chanteur soul pionnier et collaborateur de Berry Gordy dès la fin des années 1950. Leur travail collaboratif lui inspirera la fondation des labels Tamla et Motown. "Street Talk" des Tymes, anciennement The Latineers de Philadelphie, passés à la postérité avec "So Much In Love" classé n°1 du Billboard R&B en 1963, fait référence à la promiscuité paradoxale d'une ville immense dont les quartiers ne sont en fait que des villages géants mis bout à bout.
Mais la majeure partie des morceaux s’inscrivent dans des thématiques plus désespérées. L’impact énorme de cette ville inhumaine sur l’état d’esprit de ses habitants et leurs relations transparaît à de nombreuses reprises. "In My Apartment" et "Concrete Jungle" des chanteurs originaires de Chicago Dee Clark et Arthur Alexander décrivent cet enferment urbain, palpable à l’intérieur comme à l’extérieur des buildings.
La tristesse transparaît à nouveau dans la pépite "No Butterflies" de Walter Jackson. Ce crooner à la voix immense, originaire de Detroit, a fait partie des Velvetones à la fin des années 1950 avant de vivoter dans des cabarets où il est découvert par un agent de Columbia et part faire carrière à Chicago. Sa voix puissante vient du fait que suite à une polio, il se déplace en béquilles depuis l’enfance. Ne pouvant faire aucun sport ou activité extérieure, il se consacre entièrement à la musique.
La chanteuse Colette Kelly, dépeint elle par sa voix corsée l’urgence et la folie des new-yorkais dans "City Of Fools". Un morceau northern et jazzy de 1969, superbement interprété grâce au timbre grave de cette pourtant très jeune chanteuse de Baltimore dont c’est le seul morceau connu.
A nouveau un travail irréprochable et une compilation immanquable de chez Ace. Le livret est richement fourni en anecdotes, photos et crédits, le son remasterisé à la perfection, la pochette magnifique...

Note: 9/10
Label: Kent records (Ace) - Compilation - 2008
Support: CD

1. Chuck Jackson - Big New York
2. The Cookies - On Broadway
3. Marva Josie - I Love New York
4. Dee Clark - In My Apartment
5. Arthur Alexander - Concrete Jungle
6. Clyde McPhatter - Second Window, Second Floor
7. Jackie Wilson - No Pity (In The Naked City)
8. Jerry Butler - I Don't Want To Hear It Anymore
9. Garnet Mimms & The Enchanters - A Quiet Place
10. Audrey Freeman - Three Rooms
11. Jackie Shane - In My Tenement
12. Little Eva - Uptown
13. Barry Darvell - I Found A Daisy (In The City)
14. Jan Bradley - Nights In New York City
15. Donald Height - Song Of The Street
16. The Imaginations - Strange Neighborhood
17. The Drifters - Up In The Streets Of Harlem
18. Wayne Bartlett - Those City Lights
19. Eric Williams - That Old Neighborhood
20. The Tymes - Street Talk
21. Walter Jackson - No Butterflies
22. Collette Kelly - City Of Fools
23. Ralfi Pagán - Up On The Roof
24. Aretha Franklin - Spanish Harlem

Publié le par Ben


Publié dans Soul, Compilation, Indispensable


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