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Autre Chose

Chroniques musicales et comics en vrac...


Billie Davis - Tell Him: The Decca Years

Billie Davis - Tell Him: The Decca Years

Pionnière du Swinging London, Billie Davis peut surtout être qualifiée de reine de la poisse. Le foisonnement qui animait la scène pop anglaise sixties ne pardonnait pas: un faux-pas et c’était les oubliettes. Tout avait pourtant bien commencé pour cette secrétaire d’à peine 18 ans.
En 1962, après quelques maquettes, elle est vite remarquée par Decca alors en quête d’artistes pops. Son caractère bien trempé ainsi que sa frimousse plaisent au label. Alors que toutes les chanteuses de l’époque versent encore dans la guimauve, Billie Davis corse son chant et adopte un style plus rugueux. Elle amène également une mode vestimentaire qui fera des émules par milliers: cheveux au carré, frange, mini jupe et longue bottes inspirées de la série The Avengers (Chapeau Melon Et Bottes De Cuir). Son premier single "Tell Him", une reprise du girl group new-yorkais The Exciters, cartonne et parvient rapidement numéro 10 des charts anglais au printemps 1963. Decca exige rapidement une suite du même tonneau. Ce sera "He’s The One" qui ne se classera qu’à la quarantième place.
Billie Davis se fait déjà un nom dans le Swinging London. Elle emménage dans un appartement sur Portobello Road, au-dessus duquel viendra ensuite habiter Brian Jones, et se produit avec les Beatles au London Palladium, en mettant par la même occasion un bon râteau au queutard John Lennon. Comme beaucoup d’artistes de l’époque, le contrat qui la lie à Decca est une arnaque financière totale pour l’artiste. Sûre d’elle, elle quitte le label pour partir chez EMI durant l’été 1963.
Mais la ligne artistique de ce label n’est pas la même. Visant la facilité, les producteurs maison ambitionnent de lui faire reprendre les bluettes insipides qui cartonnent de l’autre côté de l’Atlantique. Mais ces projets ne se concrétiseront jamais. En septembre 1963, revenant d’un concert, elle se crashe en voiture en compagnie de Jet Harris, bassiste des Shadows qu’elle fréquente alors. Sa mâchoire cassée l’oblige à garder des broches l’empêchant de chanter. Mais ce sont les tabloïds qui briseront vraiment sa carrière. En effet, Jet Harris, bien que séparé de sa femme, est encore un homme marié. Sa relation avec Billie Davis alors seulement âgée de 17 ans fait scandale.
Après quelques années d’une traversée du désert médiatique et de flops successifs pour les labels EMI et Pye, Billie Davis retourne chez Decca en 1967. A 21 ans, son image est à reconstruire. Pour se faire, elle demande à Michael Aldred, journaliste du magazine musical Fab et co-présentateur de Ready Steady Go, de la manager et de la produire. Néophyte dans cet exercice, ses choix seront pourtant pertinents. Il lui fait tout d’abord enregistrer le magnifique morceau de Carole King "Wasn’t It You", déjà repris par The Action. Des enluminures cordées, un rythme enlevé, quelques cuivres, en quelques années la pop a changé mais la voix gorgée d’émotion de Billie Davis s’y adapte à la perfection.
Mais c’est en entendant une démo époustouflante de Chip Taylor que Michael Aldred trouve le morceau idéal pour relancer la carrière de la chanteuse de manière fracassante. "Angel Of The Morning" est alors enregistré avec une production dantesque, orchestre et choristes de choix telles Madeline Bell, Kiki Dee et une P.P. Arnold encore inconnue. Mais le requin Andrew Loog Oldham, fleurant le tube, s’empresse d’enregistrer une autre version avec cette dernière. Les deux 45 tours sortent en même temps et, loi de Murphy oblige, la version de P.P. Arnold cartonne en atteignant la 29ème place des charts tandis que celle de Billie Davis passe inaperçue.
L’année suivante, ne se laissant pas décourager, elle demande au musicien de session et futur Led Zeppelin John Paul Jones de lui concocter une version de "I Want You To Be My Baby". Un titre plus léger qu’à son habitude mais qui a le mérite de susciter l’intérêt grâce à un rythme cavalant. Le single cartonne, se vendant à 10000 exemplaires par semaine. Elle est alors invitée à le jouer au Top Of The Pop, messe télévisée qui mènera obligatoirement au succès garanti. Sauf que, eh oui!, c’est précisément cette semaine d’octobre 1968 que les ouvriers de l’usine de pressage du disque ont décidé de se mettre en grève. Le 45 tours n’est pas repressé, les derniers exemplaires présents dans le commerce s’arrachent et le titre est définitivement épuisé. Le single atteint quand même la 33ème place. La chanteuse jette l’éponge en 1970 quittant Decca et abandonnant sa carrière de chanteuse. Le label sort en 1971 un LP composé de ses 45 tours et de quelques reprises.
Tell Him - The Decca Years retrace donc le parcours de Billie Davis chez Decca. On y trouve bien sûr ses deux premiers hits "Tell Him" et "He’s The One" ainsi que leurs faces B respectives. Mais ce sont surtout les titres plus obscurs, souvent tirés de face B, qui attirent l’oreille. Ces bonbons succulents enregistrés entre 1967 et 1970 témoignent du talent indéniable de la chanteuse. "Nobody's Home To Go Home To", "I'll Come Home", "Love To Love" ou encore le dansant "Billy Sunshine", pilier des soirées all nighter, inscrivent Billie Davis dans la même catégorie que les chanteuses phares de l’époque telles Sandie Shaw, Lulu voire même l’immense Dusty Springfield comme sur un "There Must Be A Reason" à s’y méprendre. Une texture vocale permettant d’aller de la pop à la soul, le nez pour choisir des morceaux impeccables et les producteurs qui vont magnifier le tout, elle avait tout. La seule chose qui lui manquait était un minimum de chance. L’histoire de la pop se résume à des circonstances, des hasards, être au bon endroit au bon moment. Pas du tout le cas pour la pauvre Billie Davis...

Note: 8/10
Label: Spectrum Music - 2005
Support: CD

 1. I Want You To Be My Baby
 2. Nobody's Home To Go Home To
 3. Wasn't It You
 4. I'm In Love With You
 5. There Must Be A Reason
 6. Living In The Past
 7. Love To Love
 8. Darling Be Home Soon
 9. Billy Sunshine
10. Make The Feeling Go Away
11. Suffer
12. I'll Come Home
13. Love
14. I Can Remember
15. Angel Of The Morning
16. It's Over
17. Tell Him
18. I'm Thankful
19. He's The One
20. V.I.P.

Publié le par Ben


Publié dans Sixties, Pop


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